Le club de quan ho (chant alterné) Duê Dông, de la province de Bac Ninh, regroupe une trentaine de membres, dont certains sont nonagénaires. Ses objectifs : préserver et transmettre cet art traditionnel aux jeunes.
Le club de quan ho Duê Dông a été créé il y a 20 ans et a reçu le nom de son village, situé à 30 km de Hanoi. Il est animé par des chanteurs passionnés et chevronnés de la région, dont deux nonagénaires : Nguyên Thua Kê (94 ans) et Nguyên Van Dac (98 ans), reconnus «Artistes expérimentés» au niveau provincial. « Nous avons fondé ce club dans le but d’offrir aux professionnels et amateurs des alentours un lieu de rencontre pour pratiquer et initier les jeunes à cette culture ancienne », explique Nguyên Thua Kê, président du club. S’ils n’étaient au départ qu’une dizaine de membres, ils sont aujourd’hui plus de trente, sans compter les membres non officiels que sont les jeunes amateurs.
Les adhérents se réunissent tous les soirs et organisent des représentations le week-end. L’apprentissage et l’interprétation du quan ho traditionnel ne sont pas choses aisées. « Lorsque j’ai débuté, à la fois chanter juste et retenir les paroles m’ont demandé un réel investissement en temps. Il y a un morceau que j’ai mis un an à maîtriser », se souvient Nguyên Kim Thanh, vice-présidente du club, soulignant que dompter efficacement cet art nécessitait patience et détermination.
Le feu de la passion
Le quan ho, originaire des provinces de Bac Ninh et Bac Giang (Nord), est reconnu depuis 2010 par l’UNESCO patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Il compte quelque 400 airs anciens, dont 200, extrêmement difficiles à interpréter, sont menacés de tomber dans l’oubli. De fait, ils suivent un rituel traditionnel très précis : ils requièrent un choeur de femmes d’un village, et, pour leur répondre, un autre d’hommes d’un autre village. Ces chants parlent essentiellement d’amour, d’amitié, de patriotisme, etc.
« Certains morceaux, seuls les chanteurs de ma génération peuvent les interpréter correctement. Mais ces talents vieillissent, et se comptent désormais sur les doigts de la main. Les jeunes de leur côté préfèrent les airs modernes peu nuancés, les interprétations simplistes. Nous souhaitons ouvrir le trésor des vieux airs que nous détenons », confie M. Kê. Ainsi, le club propose aussi des cours d’été gratuits ouverts aux écoliers et aux étudiants. Les chanteurs expérimentés leur enseignent comment se tenir, comment maîtriser le ton de la voix, etc. « Les jeunes s’intéressent encore à l’art de nos ancêtres. C’est déjà une vraie chance », conclut-il.