Le Conseil exécutif de l’UNESCO a approuvé le 25 avril la Résolution 191/EX32 sur la célébration du 250e anniversaire du grand poète vietnamien Nguyên Du, auteur du chef d’œuvre poétique Truyên Kiêu, a confirmé le Comité de l’UNESCO au Vietnam.
Lors de sa session en novembre prochain, l'Assemblée générale de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) votera l’appel à tous les pays membres pour célébrer les anniversaires de 159 personnalités éminentes ayant une dimension universelle et régionale, dont Nguyên Du, durant l’exercice biennal 2014-2015.
Selon les critères de cette institution spécialisée de l'ONU, chaque célébrité introduite à la liste doit avoir (ou avoir eu) de grandes contributions dans les domaines de la culture, de l’éducation, des sciences sociales et humaines, et de la communication. Dans le but d’opérer une sélection un peu plus restrictive, l’UNESCO a récemment énoncé que l’anniversaire devrait être un cinquantenaire, un centenaire, ou un de leurs multiples. Or, l’exercice biennal 2014-2015 coïncide avec le 250e anniversaire de la naissance du poète vietnamien Nguyên Du (1765-1820).
Deux autres personnalités vietnamiennes ont déjà été célébrées par l’UNESCO : l’homme d'État et stratège Nguyên Trai et le Président Hô Chi Minh.
En 1965, l’Organisation mondiale pour la paix avait honoré Nguyên Du et huit autres "hommes de culture" comme l'écrivain italien Dante ou l'écrivain et savant russe Lomonossov.
Un parcours de trois mois
«L’envoi du dossier de demande de célébration de Nguyên Du à l’UNESCO est l’initiative conjointe de l’Association des amoureux du Truyên Kiêu et du Comité national de l’UNESCO au Vietnam», a indiqué le Dr Phan Tu Phùng, président de ladite Association.
Une commission de sensibilisation nationale de dix personnes, dont l’ex-ministre des Affaires étrangères Nguyên Manh Câm et les deux chercheurs Phan Tu Phùng et Trân Dinh Tuân, a été mise sur pied pour se coordonner avec le Comité national de l’UNESCO au Vietnam dans la formulation du dossier.
"Selon les règlements de l’UNESCO, nous n’avons eu que trois mois à notre disposition pour travailler ensemble afin d’élaborer et de parachever le dossier, la date-butoir ayant été fixée au 15 janvier dernier", a raconté M. Phùng. Une des difficultés était que de nombreuses organisations concernées croyaient que Nguyên Du était déjà honoré par l’UNESCO. "Nous avons perdu beaucoup de temps pour expliquer et prouver que l’auteur du Truyên Kiêu n’était non pas reconnu par l’UNESCO, mais par l’Organisation mondiale pour la paix. Le dossier a finalement été envoyé le 14 janvier. En cas de retard, il aurait fallu attendre 50 ans supplémentaires...», a-t-il rapporté.
Valeurs universelles
Le dossier présenté à l’UNESCO affirme que le Truyên Kiêu est très populaire au Vietnam et fait l’objet d’études de nombreuses générations depuis ces cinq dernières décennies. Forte d’une portée planétaire, ce poème d'amour a été traduit en une vingtaine de langues et demeure une source d'inspiration pour de nombreux chercheurs français et américains.
Le dossier rappelle que, lors de sa visite au Vietnam, le président américain d'alors Bill Clinton a entamé sa rencontre avec des étudiants vietnamiens en citant deux vers du Truyên Kiêu.
En appréciant Nguyên Du et son œuvre, l’UNESCO s’est dite d’accord avec les évaluations du dossier qui affirment qu’en plus d’être un grand poète, Nguyên Du était aussi une personnalité éminemment fière de sa nation et forte d’une passion ardente pour sa langue maternelle. Il s’est affranchi de la barrière de la langue chinoise qui s’est imposée des milliers d’années au Vietnam pour écrire le Truyên Kiêu en chu nôm (l'ancienne écriture vietnamienne). Nguyên Du a été le premier à utiliser le vietnamien comme langue littéraire officielle du pays. Son effort peut être comparé à celui des savants européens qui, naguère, ont surmonté la barrière du latin pour écrire leurs œuvres dans leur langue maternelle.