Triste de la perte progressive de la culture h’mông en raison du processus d’urbanisation qui gagne toutes les contrées du pays, l’artiste thao thi chua, du district meo vac, province de hà giang (nord) a consacré ces dix dernières années à la conservation des traits originaux qui font l’identité de son ethnie.
l’artiste thao thi chua (centre) |
«le vent de la modernité s’insinue dans tous les recoins de la vie des minorités ethniques de hà giang. les gens troquent le vêtement traditionnel pour du prêt-à-porter. aujourd’hui, les tenues traditionnelles et les sons de la flûte se font rares dans la communauté h’mông», regrette mme chua.
«j’étais triste de voir que les jeunes ne connaissaient ni la culture du lin, ni le tissage, ni comment jouer de la flûte et ni les airs traditionnels. c’est pour cela qu’il y a dix ans, j’ai décidé de prendre le problème à bras le corps pour faire revivre la culture des h’mông, en initiant les jeunes à ces savoir-faire traditionnels», confie-t-elle.
Pour inciter les jeunes à confectionner les vêtements traditionnels, mme chua a d’abord transmis ses connaissances à ses deux filles. la beauté de leurs réalisations a séduit les jeunes filles du hameau qui se sont dit «pourquoi ne pas essayer nous aussi ?». enchantées par leurs progrès au fur à mesure de leur apprentissage, ces jeunes filles ont rapidement développé un fort intérêt pour le tissage traditionnel en constatant qu’elles aussi étaient capables de confectionner des robes aux couleurs bariolées typiques des h’mông. de plus, mme chua les aiguille sur la manière de s’habiller.
Parvenir à faire de même avec la flûte a été plus délicat. il faut savoir que traditionnellement, la flûte accompagne le jeune homme h'mông au travail comme en amour. elle s'avère un moyen efficace de conquérir le cœur des femmes.
L’on ne recensait plus que deux ou trois artistes flûtistes dans tout le hameau h’mông à meo vac. «nous n’avons pas envie de fabriquer les flûtes, car à qui les vendons-nous ?», confiaient alors ces artistes. mme chua, à force de parlementassions, a réussi à les convaincre d’en fabriquer à nouveau. puis, elle s’est mise à réunir les jeunes pour leur inculquer cet art, en dépit de l’opposition des familles, qui considéraient cette activité inutile. mais sa patience et son abnégation ont réussi à conquérir les cœurs et à faire revivre la passion des gens pour cet art, même si le plus dur reste à faire.
«pour les h’mông, la flûte symbolise le yin et le yang. je voue un amour particulier pour cet instrument et veux faire revivre un village de métier de flûtes comme un cadeau pour mon ethnie, pour les générations suivantes. en effet, la flûte relie toutes les ethnies du pays», conclut mme chua.